Homélie du Dimanche 03 Janvier 2021: EPIPHANIE DU SEIGNEUR, Année B

       😇 SAINT DU JOUR 😇 
          Sainte Geneviève


TEXTES:

1ère Lecture : Isaïe 60, 1 – 6
Graduel : Psaume 71
2ème Lecture : Ephésiens 3, 2 – 3a. 5 – 6
Evangile : Matthieu 2, 1 – 12

HOMÉLIE:

L’Epiphanie, ou le message qui nous vient des autres, de l’Orient, des mages, des non croyants…

Du comportement des mages, nous pouvons tirer un triple message : message à Hérode, message aux grands-prêtres, message à tout Jérusalem.

Message à Hérode et à tous ceux qui jouissent d’un pouvoir

Hérode pensait qu’il était le seul roi, la seule lumière, et ne supportait pas l’idée de l’existence d’une autre lumière. Il vivait dans la hantise du complot et n’avait pas hésité à faire le ménage dans son entourage. Il a fait périr plusieurs de ses fils et une de ses épouses, ce qui a fait dire : « Vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils. » D’où son inquiétude et sa volonté farouche d’éteindre cette étincelle avant qu’elle n’embrase tout.
Comme Hérode, celui qui se prend trop au sérieux, qui veut être le centre de tout, la seule référence, ne supportera pas qu’une autre lumière puisse briller. Il passera sa vie à vouloir éteindre tout ce qui veut briller, à briser tout ce qui veut émerger. Un homme qui se prend pour un Dieu devient un danger pour les autres hommes.*

Les mages étaient des savants. La tradition dira d’eux qu’ils étaient des rois. Et pourtant, ils ne se sont pas pris pour le centre du monde. C’est ce qui explique leur démarche. Ils ont su rester humbles. Ils ont su rester à leur place, celle de simples hommes appelés à grandir chaque jour et à chercher ce qui peut les faire grandir dans la connaissance, dans la vérité, dans l’amour du prochain…

A ceux qui savent, à ceux qui sont puissants, à ceux qui détiennent le pouvoir, les mages enseignent l’humilité… Quand on sait rester à sa place, malgré notre pouvoir, malgré notre savoir, on ne vit pas dans la hantise, dans la peur, dans la méfiance, et surtout on permet aux autres de vivre dans la paix…

Message aux grands-prêtres et à tous ceux qui jouissent d’une bonne connaissance religieuse

Contrairement à ces mages venus de très loin, les grands-prêtres ne se sont pas mobilisés au sujet de cet enfant. Leur passivité a de quoi étonner quand on sait qu’ils étaient chargés de soutenir la foi du peuple qui attendait la venue d’un sauveur. Ils se sont contentés de leur savoir livresque, de l’enseignement parfaitement juste qu’ils délivraient. Et de fait, l’information qu’ils ont donnée à Hérode était la bonne. Ils montrent une direction aux autres, une direction qu’ils ne prennent pas eux-mêmes.

Les mages invitent les responsables religieux, au-delà de leur connaissance pointue des Ecritures, au-delà des enseignements pertinents qu’ils dispensent, à faire aussi de leur vie une recherche permanente, un engagement pour la vérité, la justice… Celui qui ne s’engage pas ne vit pas et n’atteint jamais son but…

Mais peut-être aussi redoutaient-ils les représailles d’Hérode. Ils savaient, comme tout Jérusalem, ce que pensait Hérode de cet enfant, et surtout ce qu’il était capable de faire… En reconnaissant cet enfant pour ce qu’il est, c’est-à-dire le nouveau roi, en se mettant à sa recherche et en se prosternant devant lui comme le firent les mages, ne s’exposaient-ils pas à la furie meurtrière d’Hérode ? La peur d’Hérode les paralyse sans doute. Alors ils ne font rien. Ils le laisseront d’ailleurs assassiner les enfants innocents… Et de plus, Hérode est tout de même celui qui avait rénové le temple ! Il pouvait donc être perçu par certains comme un bienfaiteur…
Pouvaient-ils se permettre de le contrarier ? Leur silence, leur immobilisme, le fait de ne prendre aucun risque, était peut-être le prix à payer pour continuer à vivre tranquillement, en sécurité…

Les mages, de leur côté, ont choisi d’être au service de la vérité et non pas au service d’Hérode. Ils ont choisi d’écouter une autre voix et de prendre une autre route que celle que leur imposait Hérode. La route des responsables religieux ne devrait pas toujours être celle des puissants… Parfois, il faut savoir prendre ses distances par rapport à ce qui n’est pas vrai, juste, bon…

Message à « Tout Jérusalem », au peuple des croyants

« En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. » Pourquoi faut-il que tout Jérusalem pense comme Hérode, agisse comme lui ? Ce peuple a-t-il sacrifié sa conscience, sa raison, son discernement à Hérode ? Est-il obligé d’adopter sans aucune distance les pratiques, les méthodes du roi ? Doit-il obéir sans aucune réserve aux consignes plus que contestables du roi ?

L’attitude des mages vient interroger cette soumission du « Tout Jérusalem » aux états d’âme d’Hérode. Ils viennent montrer à ces croyants ce qui fait la grandeur et la force du croyant : la voix de sa conscience. Face aux différents pouvoirs qui exercent leur force et leur brutalité sur nous, nous sommes souvent tentés de nous comporter comme ce peuple soumis à la consigne du plus puissant, du plus riche et qui éteint la voix de sa conscience qui n’est autre que la voix de Dieu.

Plus que de l’animosité de ses ennemis, l’enfant Jésus a d’abord souffert de l’indifférence de ses amis, de leur lâcheté, de leurs compromissions. Alors que les mages venus de loin vont protéger l’enfant Jésus, Judas, son disciple, n’hésitera pas à le livrer ; alors que les mages passent outre n’hésitent pas à tourner le dos à Hérode et à son plan machiavélique, le peuple va tourner le dos à Jésus pendant sa passion…

Pendant que les mages, ces non-croyants, sont au rendez-vous avec la vérité, la justice, il arrive que nous, croyants, soyons de ceux qui la combattent ou qui ont peur de l’assumer. C’est vrai qu’Hérode continue de roder…

      🎄Père Étienne NEMI, CSSp 🎄

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